HISTORIQUE DE LA ZOOTHÉRAPIE
En 1872, en Grande Bretagne, William Tuke créait une institution pour malades mentaux : York Retreat. La politique thérapeutique de cette institution est nouvelle : plutôt que d’enfermer et de droguer les patients, on leur enseigne l’art et la manière de prendre soin de petits animaux.
Une expérience similaire est réalisée en 1867 en Allemagne, dans la ville de Biefield, dans une institution pour épileptiques. On y soigne les patients grâce au contact d’oiseaux, chats, chiens, chevaux en plus d’animaux de ferme et sauvages.
La première utilisation thérapeutique de l’animal aux Etats-Unis remonte à 1919, à l’hôpital Saint-Elisabeth de la ville de Washington. A cette date, son directeur, le Dr. D. A. White, reçut une lettre du secrétaire de l’intérieur F. K. Lane lui suggérant l’utilisation de chiens comme compagnons des pensionnaires de l’hôpital psychiatrique.
Ensuite, pendant la seconde guerre mondiale, à Pawling (Etat de New York), le centre de la Croix-Rouge accueillait des pilotes blessées de l’Air Force. La présence d’animaux au sein du centre favorisait leur convalescence et l’acceptation de leur handicap récent.
Mais le père fondateur de la zoothérapie reste certainement Boris Levinson, psychologue pour enfants et professeur en psychiatrie.
A la fin des années 50, à New York, il reçoit les parents du jeune Johnny, enfant autiste, qui viennent le voir pour un second avis, leur fils devant être placé le jour même en institution. Exceptionnellement, Jingles, le chien de Levinson est présent dans le cabinet. Réveillé par le bruit de la conversation, il se lève et se dirige directement vers l’enfant. Ce dernier, au grand étonnement de ses parents, se met à caresser le chien et à lui porter le plus grand intérêt, demandant même à la fin de l’entretien quand il pourrait revoir le chien. Le psychologue décide donc de renouveler les séances, et constate par la suite une nette amélioration de l’état de santé du jeune garçon.
Levinson utilisera donc par la suite, de manière plus systématique l’animal familier, chien ou chat selon le tempérament de ses patients, pendant ses consultations. Ainsi, une nouvelle démarche est née : la psychothérapie infantile assistée par l’animal (Pet-Oriented Child Psychotherapy).
Parallèlement, un couple de psychiatres américains, Samuel et Elisabeth Corson, travaillant dans un centre pour adolescents perturbés, va reprendre les travaux de Levinson. Ils ont observé que certains adolescents étaient attirés par un chenil et sortaient de leur mutisme au contact des chiens. Ils ont donc introduit une présence animale dans un pavillon de trente patients, et ont ainsi pu observer que la seule présence du chien avait des répercussions positives sur les relations des patients avec le personnel soignant, et même un effet positif sur les autres patients, simples observateurs. C’est « l’effet catalyseur » que Levinson avait déjà décrit. Forts de cette expérience auprès des adolescents, ils étendirent leurs travaux auprès des personnes âgées, notamment dans une institution de l’Ohio, accueillant plus de huit cent résidents. Ce nombre excessif de patients ne permettait que très peu de traitement individuel, et pas de renforcement de l’affect. Selon eux, les résidents se trouvaient en état de privation sensorielle et d’isolement. L’introduction d’un chien dans cette maison de retraite a permis de briser l’isolement social, le sentiment de solitude et le repli sur soi de ces personnes âgées.
En France, le vétérinaire Ange Condoret, le premier président de l’AFIRAC (Association Française d’Information et de Recherche sur l’Animal de Compagnie) étudia l’impact de l’animal familier auprès de l’enfant, découvrant l’effet du déclencheur de communication. Il put constater l’influence du chien Polo sur le développement d’enfants ayant des retards de langage ou souffrant d’autisme. L’une des patients, autiste, fut longtemps indifférente à la présence animale jusqu’au jour où une tourterelle lâchée dans la classe lui fit pour la première fois rechercher les moyens de communiquer avec l’extérieur : fixation du regard, gestes et sourires ébauchés, sons nouveaux émis. Ensuite, le chien devint source d’intérêt aussi pour cet enfant.